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La route de l’inconnu

Amarat Street 57, Khartoum

Souvent, je prends le café avec Mohamed, qui s’occupe de la maison dans laquelle je vis.

On se pose sur les tabourets tressés et on cause. Il m’apprend quelques rudiments d’arabe. Alima, la patronne, demande des nouvelles.

Ils viennent tous les deux du Darfour, mais pas du même coin. Il faut dire que le Darfour fait quasiment la taille de la France. Mohamed a quitté sa région en 2004, alors que la guerre faisait rage et n’y est jamais retourné. Plus de dix années sans revoir ses parents, qui vivent à seulement une journée de bus de Khartoum.

Mais Mohamed n’a aucune envie de retourner là-bas. Un jour, il m’a fait part de son rêve : l’Europe. Il connait quelqu’un qui est allé en Jordanie et y a obtenu un visa Schengen. Il a aussi étudié le trajet en passant par la Libye.

L’ampleur du voyage ne l’impressionne pas. La mort non plus.

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